Qui peut encore aujourd’hui accorder du crédit au discours du Chef de l’Etat sur la Sécurité ? Qui peut encore s’imaginer voir la politique gouvernementale produire des résultats probants dans ce domaine ? Un seul constat, l’échec. Un échec durable, puisque M. Sarkozy est directement en charge de la sécurité des Français depuis maintenant plus de 8 ans.
Le Chef de l’Etat multiplie les annonces pour essayer de sauver la face mais il sombre irrémédiablement dans le ridicule. La sécurité était pourtant sa priorité, sa marque de fabrique, son accessit au pouvoir. Grâce à une extrême fermeté, il devait « karchériser » les délinquants. Il est vrai qu’il n’a pas été avare en rodomontades, textes de loi, en provocations viriles et martiales déclarations de guerre.
Mais pour quel résultat?
Une délinquance en hausse et toujours plus de violences.
Le chef de l’Etat, qui aborde la dernière ligne droite de son quinquennat avec une cote de confiance au plus bas dans l’opinion, cumule les échecs (emploi, inégalités, éthique, pouvoir d’achat, finances, justice…) et espère se refaire une santé électorale sur la sécurité.
Pourtant les raisons de son échec sont connues. La répression seule ne peut régler les problèmes de sécurité. Il faut une politique équilibrée alliant la nécessaire sanction à l’indispensable prévention. Prévention qui doit mobiliser largement tous les acteurs pour lutter contre l’échec scolaire, la ségrégation, la relégation urbaine et pour donner l’espoir à tous grâce à l’égalité réelle des chances.
Si en plus on ajoute l’abandon de la police de proximité et la réduction massive des effectifs le résultat est là : un échec sur toute la ligne.
Niant l’évidence de leur faillite politique depuis 8 années, M. Sarkozy, son gouvernement et leurs affidés refusent de reconnaître leurs erreurs et sont à la recherche perpétuelle de boucs émissaires : la police de proximité, les préfets, Internet, les étrangers, les Roms, les parents, la Gauche, les mauvais Français de « fraîche date » et aujourd’hui, les Maires.
Et la liste n’est sûrement pas encore close. Demain ils accuseront l’école ou la télévision, les intellectuels ou les chanteurs de rap. Sur la route du ridicule, rien ne saurait les arrêter.
Le désengagement constant de l'Etat dans le domaine de la sécurité
La réalité est bien plus simple, le désengagement massif de l’Etat d’une fonction pourtant régalienne se traduit par une dégradation constante de la sécurité des personnes. Et devant l’échec, après avoir tenté tous les artifices, on en finit, dans la torpeur de l’été, par imputer aux communes la responsabilité de cette augmentation de l’insécurité… En oubliant que la sécurité demeure et doit demeurer une compétence de l’Etat.
En effet, le Président de la République, budgétairement contraint par une politique fiscale aussi inefficace qu’injuste, entend une nouvelle fois se « décharger » sur les communes. Des communes qui sont de plus en plus en première ligne pour pallier aux désengagements de l’Etat, et ce, bien entendu, sans moyens supplémentaires.
Petit à petit, tout est mis en œuvre pour « mouiller les communes ». Ainsi, la nouvelle loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) s’emploie à gommer les différences entre policiers municipaux et nationaux. Là encore, la ficelle est un peu grosse, il y a moins de policiers nationaux, moins de gendarmes, alors Mesdames et Messieurs les maires, embauchez des policiers municipaux.
En tant que Maire, je sais que des agents de police municipale peuvent être utiles dans certaines fonctions : pour le stationnement, la circulation. Mais sur la sécurité proprement dite, qui peut croire à leur efficacité ? Les délinquants s’arrêtent ils aux frontières communales ?
La Sécurité est et doit demeurer une compétence de l'Etat
D’ailleurs, les chiffres de la délinquance sont ils meilleurs dans les villes disposant d’une police municipale nombreuse et armée ? La police municipale de Nice a-t-elle des résultats à la hauteur de ses puissantes motos et de ses armes de gros calibre ? Cela se saurait… N’en déplaise à M. Estrosi et consorts, les chiffres sont têtus. Le lien de cause à effet n’a pas été démontré.
Cette analyse n’est d’ailleurs pas seulement celle d’élus de gauche. De nombreuses villes dirigées par la droite ne sont pas rentrées dans cette logique. Même dans les Hauts-de-Seine où M. Santini, à Issy les Moulineaux, refuse depuis longtemps de créer une police municipale. Et il est loin d’être le seul dans son bord politique.
Et je n’insisterai pas sur l’inégalité devant l’insécurité qui se développerait entre communes « riches » et « pauvres » et sur la remise en cause du principe d’égal accès pour tous à la sécurité sur l’ensemble du territoire.
La même logique prévaut pour les 60 000 caméras de vidéosurveillance supplémentaires que le gouvernement veut implanter aux frais des communes. Sans même entrer dans le débat sur l’aspect liberticide ou non de la vidéosurveillance, il suffit de se placer sur le terrain de l’efficacité pour constater que cet outil ne permet pas de lutter efficacement contre la délinquance au regard des dépenses qu’il implique.
Si le gouvernement de M. Sarkozy estime toutefois que c’est un moyen indispensable, il appartient alors à l’Etat de prendre en charge non seulement son investissement, et pas seulement une petite part, mais d’assurer aussi le financement de son fonctionnement. En effet, son coût d’achat et d’utilisation très important amène un grand nombre d’élus locaux à continuer de s’interroger sur l’opportunité d’un tel investissement. L’utilité très ponctuelle des caméras ne pourra dans tous les cas jamais compenser la raréfaction de la présence humaine sur le terrain.
La sécurité publique est un droit pour tous les citoyens quelque que soit leur commune d’habitation et des moyens financiers dont elle dispose. Les Maires ont un rôle à jouer dans le cadre des conseils locaux de sécurité, mais la compétence demeure à l’Etat. Et si demain, l’actuel gouvernement veut la transférer légalement aux communes, il faudra une loi pour qu’il transfère aussi les moyens humains et matériels. Et sur cette question, je ne suis pas inquiet, il y a encore assez de responsables de Droite attachés au principe d’égalité et soucieux d’efficacité pour refuser une telle logique.
Durant les 20 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle, M. Sarkozy va s’employer à amener le débat public sur le terrain de la sécurité en dépit de ses échecs successifs.
Les élus locaux doivent rappeler que la tendance ne s’inversera pas avec la poursuite des réductions d’effectifs dans la Police Nationale. Il y a urgence à rétablir la Police de proximité, donner au Ministère de la Justice les moyens de faire appliquer les peines prononcées, reprendre une véritable politique de prévention…
Le Sarkozysme a choisi de faire feu de tout bois et n’a plus peur de rien, même du ridicule. A nous de porter des propositions justes, responsables et efficaces.