Ce matin, au Sénat, j’ai organisé, avec les élus de l’opposition des villes de Grand Paris Seine Ouest (Boulogne, Chaville, Issy-les-Moulineaux, Meudon, Marne-la-Coquette, Sèvres, Vanves, Ville d’Avray), une conférence de presse sur le projet que préparent en catimini les Maires des communes de la communauté d’agglomération, de transformation de leur intercommunalité en « commune nouvelle ».
A l’origine, ce dispositif, récemment rénové par le Parlement, vise à réduire l’émiettement communal en France, pays où plus de 85% des 36 700 communes comptent moins de 2 000 habitants. Toutefois, les maires de droite des villes de G.P.S.O veulent détourner l’esprit de la loi qui se destine naturellement en priorité aux communes et intercommunalités les plus modestes. Ils le font car ils espèrent en tirer des avantages politique et financier.
D’un point de vue financier, ils veulent bénéficier du mécanisme d’incitation prévue par la loi de stabilité de la dotation globale de financement pour 3 années pour toute intercommunalité qui se constituerait en commune nouvelle avant le 1er janvier 2016. Au regard de l’importance des ressources de la communauté d’agglomération, un tel bénéfice serait profondément choquant au moment où les collectivités françaises entreprennent d’importants efforts pour participer au redressement des finances publiques. A ce propos, j’ai déposé dans le cadre du Projet de loi NOTRe, un amendement visant à limiter à 100 000 habitants le bénéfice de cette incitation financière aux groupements de commune. Examiné hier, celui-ci n’a pas été adopté mais a obtenu la sagesse du gouvernement, ce qui veut dire qu’il n’est pas opposé à cette mesure, qui pourra être reprise par l’Assemblée nationale plus tard.
Par ailleurs, les Maires de GPSO espèrent ainsi également contourner les mécanismes de solidarité financière qui accompagneront la mise en place de la métropole du Grand Paris dont l’objectif est justement de permettre un développement plus équilibré et une meilleure répartition de la richesse créée au sein de la zone la plus dense d’Ile de France.
L’intérêt est aussi politique. Les Maires souhaitent en effet réduire la représentation de l’opposition à sa portion congrue. En effet, si la nouvelle loi sur les communes nouvelles prévoit, dans l'intervalle de la création de la commune nouvelle aux élections municipales suivantes, que l’ensemble des conseillers municipaux puissent rester en fonction, à défaut d'entente sur ce point, le conseil municipal sera composé des maires et des adjoints ainsi que de conseillers municipaux des anciennes communes à la proportionnelle au plus fort reste de leur population municipale dans la limite d'un effectif total de 69 membres. Dans le cas de G.P.S.O, cela conduirait à l’éviction de pratiquement tous les élus municipaux d’opposition actuels.
Nous dénonçons ce détournement de la loi qui vise à permettre à une des collectivités les plus riches de France de contourner ses obligations en matière de solidarité financière et à bénéficier d’aides destinées en priorité à des communes beaucoup plus modestes.
Nous refusons également la méthode retenue par les maires de droite des villes de G.P.S.O qui consiste à ne pas associer la population. En effet, un simple sondage téléphonique dont les résultats n’ont pas été révélés, a été effectué. Il ne s’agit en aucun cas d’une concertation.
Nous souhaitons aussi mettre en garde sur les risques encourus et nous ne sommes pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme. Le père de la loi sur les « communes nouvelles », Jacques Pélissard, UMP et ancien Président de l’Association des Maires de France a lui-même déclaré : « Si nous décoiffons le seuil de 10 000 habitants, les communes nouvelles videront les caisses de la DGF. Ce n’est pas 30 %, mais 50 % de baisse que subiront les autres communes ! »
Enfin, nous nous opposons à ce que les oppositions municipales soient ainsi évincées alors que, dans presque toutes les communes concernées, elles portent la voix de plus de 40% des suffrages exprimés.
Soyez assurés que nous demeurons vigilants sur cette question. Je serai dans l’Hémicycle lundi lors de l’examen des amendements de Monsieur Marseille et je ne manquerai pas de défendre l’action de proximité et l’identité de nos villes, auxquelles nos concitoyens sont si attachés.
Retrouvez ici l’intégralité du dossier de presse de la conférence, reprenant tous les éléments ainsi que l'article de La Gazette des Communes comprenant les déclarations de Jacques Pélissard