Le 12 février dernier, s’est tenu à Clamart un conseil municipal particulièrement agité.
Une demi-heure avant la réunion du conseil municipal, nous étions 200, rassemblés sur la place de la mairie, à protester contre le projet de démolition des 700 logements sociaux appartenant au bailleur « I3F » dans le quartier du Pavé blanc ainsi que celle des bâtiments R25 et R27 de Clamart Habitat qui y sont attenants. L'association des locataires, dans le cadre d’une pétition, a déjà recueilli la signature de plus de 500 locataires refusant cette destruction. Le maire s’entête cependant toujours à vouloir maintenir ce projet ubuesque de démolition alors que ces logements viennent de faire l’objet d’une réhabilitation complète pour plus de 25 millions d'euros. Il est clair que la mobilisation devra s'accentuer pour que le maire abandonne son projet. D'autres initiatives vont être lancées pour démontrer combien les principaux intéressés, les habitants, sont vent debout contre une telle perspective.
Le conseil municipal a ensuite débuté à 19h.
Sur la forme…
Nous avons immédiatement pu constater que les militants de l’UMP, entrés par une porte dérobée avant l’ouverture du conseil, avaient été opportunément installés sur toutes les places réservées au public. De son côté, la police municipale empêchait, de manière musclée, l’accès à la salle aux locataires des logements « I3F » ainsi qu’aux militants de gauche. Curieuse conception de la démocratie que d’empêcher les citoyens d’assister aux débats du conseil et de mobiliser des groupies pour assurer la claque du maire.
Une autre surprise nous attendait à notre entrée dans la salle du conseil avec une disposition revue visant à placer désormais les élus de l'opposition au milieu de la salle, dos au public, et complètement encerclés par les élus de la majorité UMP-UDI.
Sur le fond…
Clamart, le nouvel « Eldorado » des promoteurs dans le 92 :
Les points qui furent ensuite soumis au vote des conseillers ont clairement démontré qu’en matière d'urbanisme, Clamart, par la volonté de son nouveau maire UMP, par ailleurs ancien directeur de la société d’aménagement du Plessis-Robinson, allait devenir le nouvel « Eldorado » des Hauts-de-Seine pour les promoteurs immobiliers.
Le P.A.D.D, le document qui donne l'orientation du Plan Local d’Urbanisme (P.L.U), se caractérise par un objectif de densification très significative. Alors que ces dernières années, 175 logements ont été construits en moyenne chaque année, l'objectif est désormais porté à 450.
Cela se traduit par des "opérations de rénovation urbaine" qui masquent difficilement le bétonnage annoncé :
-A la gare, le projet irait jusqu’à construire sur la place de la gare, qui serait vendue à des promoteurs. Un immeuble de 6 étages serait même construit juste devant l’entrée de la gare.
-Au Pavé Blanc, il s’agit pour faire place nette et permettre de nouvelles constructions, de détruire ni plus ni moins que les 700 logements « I3F », ainsi que les bâtiments R25 et R27 de Clamart Habitat, alors que ceux-ci viennent pourtant tout juste d’être réhabilités. Une opération de construction prévue à l'angle de la route du Pavé blanc et de la RD906 est également modifiée pour densifier le projet de 5000 m² construits à 8000 m² (+60%) et ce, naturellement, sur la même surface de terrain.
-Sur le parc d’affaires NOVEOS et sur le site R&D d’EDF, des milliers de logements sont également annoncés sur des espaces jusque ici réservés à l’activité économique. Ce choix conduira inéluctablement à diminuer les recettes fiscales versées par les entreprises et se traduira in fine par des dépenses d’investissement et de fonctionnement importantes pour la ville (écoles, équipements, services ...).
Il devient clair que la ville de Clamart sera livrée dans les 5 prochaines années aux promoteurs immobiliers privés pour y faire, dans des proportions très importantes, du logement de standing. Si les promoteurs peuvent se frotter les mains, est-ce également dans l’intérêt des Clamartois ? Non, car ils devront supporter une densification non maîtrisée qui se fera au détriment de la qualité de vie qui fait le charme de Clamart. Cette politique, en impactant également les dépenses d’investissement et de fonctionnement de la ville, grèvera également fortement les finances communales et conduira inéluctablement à une hausse des impôts locaux.
La schizophrénie budgétaire du Maire
Le conseil a ensuite débattu des orientations budgétaires. Le maire a une nouvelle fois passé son temps à critiquer la gestion de la précédente équipe municipale et à dénoncer la baisse des dotations de l’Etat, de l’ordre de 1,2 millions € pour notre commune.
Son discours est pourtant en décalage complet avec ses actes. Devant autant de difficultés financières qui s’imposent à lui, on pourrait s’imaginer que le nouveau maire UMP soit particulièrement rigoureux dans l’usage des deniers publics.
Bien au contraire :
- Il augmente les indemnités des élus pour un surcoût de 300 000 euros par an.
- Il augmente fortement les rémunérations de la direction générale et de son cabinet pour un surcoût de plus 250 000 euros par an.
- Il décide de changer la couleur du mobilier urbain et de le repeindre en vert avec un coût pour la seule peinture estimé à 1 million d’euros.
- Il utilise les D.I.A (Déclaration d’Intention d’Aliéner) pour acheter, pour un montant de 3 millions d’euros en 2014, des biens immobiliers à Clamart qu’il compte revendre ensuite à des promoteurs espérant au passage engranger un profit alors que le marché immobilier connait pourtant une tendance à la baisse. Est-ce de toute façon le rôle d’un maire que de spéculer ainsi avec l’argent public en faisant courir au passage un risque aux finances communales ?
- Il fait des dépenses démesurées en matière de sécurité avec l’achat de 80 caméras pour un coût de 2 millions euros d’investissement et de 200 000 euros de fonctionnement chaque année, et il créé 15 emplois de policiers municipaux supplémentaires qu’il dote immédiatement de moyens importants et d’un armement digne de celui de l’antigang.
Où est la cohérence ? Soit Monsieur Berger est frappé de schizophrénie, soit il ment sur la situation financière dans laquelle il a trouvé la commune…
2 reculades du Maire
Nous avons obtenu une première belle victoire avec le retrait de la délibération, votée au mois de décembre dernier, qui autorisait le maire à vendre un terrain, situé rue Emilienne et appartenant à la ville, pour un montant 40 % inférieur à l’estimation des Domaines. (Cf. billet paru hier sur mon blog). J'avais saisi le préfet et le tribunal pour empêcher cette vente à vil prix. Après avoir fanfaronné lors du dernier conseil municipal, le maire a pris conscience du caractère illégal de la décision et a finalement retiré sa délibération.
Une seconde victoire a été obtenue avec l’annonce du retrait et de la modification de l’arrêté anti-prospectus. Cet arrêté avait été pris en catimini au mois de décembre dernier et interdisait la distribution de tous les prospectus sur les principaux axes et places de Clamart. Il s’agissait là d’une flagrante atteinte à la liberté d’expression des associations et des partis politiques qui ont pris pour habitude d’informer les habitants et de distribuer de la propagande dans ces lieux. Essayant de sauver la face dans une nouvelle pirouette, le maire a annoncé qu’il allait limiter son arrêté aux prospectus « commerciaux ».
Après le sauvetage de la maison de quartier du Petit Clamart, on constate une nouvelle fois que la mobilisation peut faire plier le nouveau maire.
Tramway T10 : L’UMP préfère la déforestation
En fin de conseil, j'ai enfin proposé un vœu sur l’emplacement du site de remisage du futur tramway Antony-Clamart. Deux sites ont été identifiés. Le premier se situe au Plessis-Robinson sur le parc d’affaires NOVEOS et le second, sur une parcelle boisée du massif de Verrière à Chatenay-Malabry. Comme le maire UMP du Plessis-Robinson veut préserver sa zone d’activité pour y réaliser de juteuses affaires immobilières, le maire UMP de Chatenay-Malabry a opportunément déclassé la parcelle boisée pour qu’elle puisse être rasée et accueillir le site de remisage du tramway. J’ai donc déposé un vœu demandant le maintien de cet espace vert et l’implantation du site de remisage au sein du parc NOVEOS.
Le maire UMP de Clamart et sa majorité ont refusé mon vœu et donné leur assentiment à la disparition de 3.5 hectares de forêt. Ils avaient pourtant beaucoup plus d’allant quand il s’agissait, lorsqu’ils étaient dans l’opposition, de dénoncer les coupes réalisées par l’ONF sous la ligne à très haute tension.
La séance a finalement été levée à une heure du matin. Ce fut une soirée difficile de confrontations où le maire et sa majorité sont restés sourds à nos arguments et aux demandes des habitants. En définitive, il est regrettable que les seuls moyens de les faire reculer sur leurs projets les plus ubuesques soient la mobilisation citoyenne et les recours.