Les conseils de territoire, en charge de la déclinaison locale des politiques conduites par la métropole du Grand Paris, seront finalement dotés d’un statut juridique et pourront ainsi gérer directement des équipements de proximité et des services locaux. Comme l’a annoncé le Premier Ministre le 12 juin dernier, la loi « métropoles » du 27 janvier 2014 sera donc modifiée dans ce sens dans la cadre de la nouvelle réforme territoriale en cours.
En effet, depuis le vote de la loi « métropoles », le Président de la République a annoncé la disparition prochaine des départements dans notre pays et ce, en priorité au sein des métropoles. La suppression de l’échelon départemental à Paris et en première couronne, ainsi que celle des intercommunalités existantes déjà actée par la loi « métropoles », rendent nécessaire la mise en place d’un niveau intermédiaire entre la commune et la métropole afin de garantir une proximité indispensable à la réussite du projet.
Il s’agit là d’une décision sage et pragmatique mais je mets en garde contre toute évolution qui donnerait aux conseils de territoire la faculté de lever l’impôt comme continue de le revendiquer l’UMP. Un tel retour en arrière gommerait tous les effets vertueux en termes de péréquation et nous conduirait irrémédiablement à la persistance des inégalités territoriales existantes alors que l’objectif affiché de la métropole est justement de remédier à celles-ci.
Un débat s’est également ouvert sur la taille des futures « territoires », fixée à ce jour à 300 000 habitants. Certains de mes collègues évoquent aujourd’hui les frontières des départements actuels comme référence pour dessiner les contours des futurs « territoires ». Une telle échelle, de l’ordre de 1.5 millions d’habitants, me semble tout à fait excessive pour garantir la proximité et l’efficacité de la nouvelle structure. Nous savons en outre que des territoires de projet, à l’instar de la vallée scientifique de la Bièvre, se sont déjà affranchis des frontières départementales et pourraient être tentés de se constituer en territoire au sein de la future métropole.
La question de la création d’un régime particulier permettant à la Ville de Paris de conserver son statut de département et ainsi une partie de sa manne financière me semble également assez surréaliste. Peut-il être concevable de supprimer les départements de la première couronne et de préserver celui de Paris ? Ce serait aussi incompréhensible qu’injuste.
Cette nouvelle étape qui s’ouvre dans la réforme territoriale doit être l’occasion pour nous d’accélérer l’intégration des départements au sein des métropoles. Nous savons déjà que la métropole de Lyon reprendra les compétences du conseil départemental du Rhône sur son territoire le 1er janvier prochain. La Ministre de la décentralisation s’est également déclarée favorable à une fusion similaire au sein de la métropole de Marseille dès sa création le 1er janvier 2016. Pourquoi ne pas en faire de même pour la Métropole du Grand Paris en prolongeant le mandat des conseillers départementaux élus sur son périmètre de deux semaines avant que la nouvelle métropole n’absorbe les conseils départementaux dès sa création le 1er janvier 2016.
Il est urgent de doter d’une gouvernance efficace et de moyens adaptés la métropole du Grand Paris et cela passe par une intégration rapide des quatre départements concernés. Devons-nous y renoncer pour préserver les intérêts électoraux de barons locaux cramponnés à la présidence de leur exécutif ? La qualité de vie des 6 millions de franciliens concernés par cette révolution institutionnelle doit être notre unique préoccupation.