Je déplore que le Sénat ait ces derniers temps présenté l’image d’une assemblée défendant ses propres avantages : exclusion des sénateurs du dispositif du non-cumul des mandats et non-levée de l’immunité de Serge Dassault.
Fallait-il permettre aux Sénateurs, qui représentent les collectivités, de cumuler un mandat exécutif local ? Le débat était légitime et il a bien eu lieu, mais l’incompréhension de l’opinion, concernant le vote du Sénat créant un statut pour les sénateurs différent de celui des députés, est réelle et elle a surement été mal mesurée par les sénateurs.
Le non-cumul des mandats va dans le sens de l’histoire et s’imposera comme une avancée démocratique. C’est pour cela, que le 15 janvier dernier, j’ai voté en faveur du texte du gouvernement et du non-cumul, tant pour les députés que pour les sénateurs. J’avais d’ailleurs pris il y a quelques mois la décision de ne pas me représenter comme Maire de Clamart.
Au sein de la chambre haute du Parlement, nombreux sont ceux (à droite, mais aussi parfois à gauche) qui estiment que cette loi remet en question le fondement même du Sénat. Pourtant, en rendant incompatibles l’exercice d’un mandat de parlementaire et celui d’un mandat exécutif local, il affermit le rôle du Parlement et des élu(e)s, dorénavant exclusivement consacré(e)s à leur mandat, ce qui est tout à fait nécessaire dans un contexte d’accélération de l’activité législative. Avec la loi sur la transparence de la vie publique, la réforme du non-cumul des mandats doit contribuer à la restauration de la confiance entre les citoyens et les élus. Elle favorisera également la parité et le renouvellement de la vie politique. Néanmoins, je considère qu’il faudra aller beaucoup plus loin pour renforcer le Parlement et le statut des élus locaux.
La non-levée de l’immunité de Serge Dassault a été une décision scandaleuse qui a terni l’image du Sénat. La seule réaction possible est celle de l’indignation, devant ce vote qui fait entrave à la justice, l’empêchant de mener les investigations nécessaires.
Sur les 26 membres du bureau, 13 ont voté contre, 12 pour, 1 s'est abstenu. Cette décision politique, qui va contre la demande du parquet dans le cadre de l'enquête sur des soupçons d'achats de voix à Corbeil-Essonnes lors des dernières élections municipales, est incompréhensible et révoltante. Bien que toute la droite ait voté contre la levée de l’immunité, il semble, manifestement, que deux voix de gauche aient manqué à l’appel.
Je ne siège pas au bureau du Sénat. Si la droite assume avoir fait bloc, personne n’est arrivé à déterminer l’identité des deux élus de gauche qui se sont fourvoyés. C’est pourquoi je soutiens l’idée d’un vote à main levée : les élus doivent assumer leurs choix. J’avais déjà défendu au SEDIF (Syndicat des Eaux d’Ile-de-France) ce mode de scrutin, réalisant que le vote à bulletin secret avait permis à certains élus de gauche et de droite de voter pour la délégation au privé (alors que la position officielle de tous les élus était celle de la régie publique). Cela crée in fine, un fort climat de suspicion.
Au-delà de l’instauration d’un vote à main levée, je pense qu’il est nécessaire d’ouvrir le débat sur l’utilité de l’immunité parlementaire. C’est un principe hérité de la Révolution française mais les temps ont changé et je crois qu’il n’est plus adapté à notre société. Je me réjouis donc de constater que le Président du Sénat, Jean-Pierre Bel, se déclare disposé à aborder cette question.