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Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs les Président des associations d’anciens combattants, résistants, patriotes et victimes de guerres.
Mesdames et messieurs les Elu(e)s, cher(e)s Collègues, Mes chers collègues,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis particulièrement ému de vous retrouver aujourd’hui en ce jour de commémoration du cessez le feu, sur cette place que nous avons voulu consacré au souvenir de la guerre d’Algérie.
C’est un jour particulier car pour la première fois le 19 mars est ENFIN officiellement le jour de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie.
A Clamart le 19 mars avait été officiellement adopté par le Conseil Municipal dès 2002. J’avais décidé à cet époque de baptiser ce square, square du 19 mars. Mais une reconnaissance locale était insuffisante et maintenant nous avons une reconnaissance nationale de la date du 19 mars.
Il fallait en effet une date officielle pour la troisième génération du feu.
Pour la première génération du feu et la guerre de 1914/1918 il y a l’armistice du 11 novembre.
Pour la seconde génération du feu et la guerre de 1939/1945 il y a la capitulation sans condition du 8 mai.
Pour la troisième génération du feu et la guerre d’Algérie il y a le cessez le feu du 19 mars.
En effet, le 19 mars 1962, à midi, le général Ailleret, commandant en chef en Algérie, ordonnait le « cessez-le-feu ».
Trois mots, synonymes de délivrance pour les soldats du contingent, qui constituaient 80% des 400 000 militaires français.
Trois mots qui signifiaient un retour prochain parmi leurs proches.
Les mots ont leur importance.
En parlant d’« Opération de maintien de l’ordre » ; de « pacification » ; ou plus pudiquement des « évènements d’Algérie », on a trop longtemps voulu cacher aux français l’effroi d’une guerre sans nom, qui a pourtant définitivement tourné la page de la France comme puissance coloniale.
Cette guerre fut pourtant une terrible réalité pour nos soldats, engagés ou appelés, pour les populations européennes qui s’y étaient implantés depuis plusieurs générations et naturellement aussi pour tous les algériens.
Il aura fallu attendre 1999, sous le Gouvernement de Lionel Jospin, pour que l’Assemblée Nationale reconnaisse que le dernier grand conflit qui engagea massivement l’armée française et les appelés du contingent ne pouvait avoir d’autre appellation que celle de « guerre ».
Dès 1957, Raimond Aron évoquait la guerre d’Algérie en disant que « de tous les côtés, on justifie par des arguments rationnels, des prises de position passionnelles ».
Cet état de fait a perduré bien après les conflits puisque pendant longtemps, on a cherché à occulter la réalité par volonté d’apaisement et pour éviter de rouvrir certaines blessures qui ont divisé le peuple français.
La reconnaissance du 19 mars
C’est, à l’inverse, une prise de position parfaitement rationnelle qui a motivé votre combat, notre combat pour la reconnaissance du 19 mars comme la seule date légitime pour la commémoration du cessez-le-feu.
Cette reconnaissance, la FNACA, qui est l’association la plus représentative des anciens combattants d’Afrique du Nord, la portait depuis 50 ans.
Depuis la loi de décembre 2012, le 19 mars est enfin reconnu comme la « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ».
C’est pourquoi ce 19 mars 2013 revêt une importance toute particulière.
Pour la première fois que nous nous retrouvons sur cette place, la République a réhabilité une partie de l’histoire de France.
J’ai été très fier en tant que Sénateur de participer au débat et de voter cette loi. Et en le faisant c’est
à nous que j’ai pensé.
De fait elle a redonné un sens aux sacrifices que nos combattants ont consenti pour elle.
Je regrette que certains, et notamment des députés de l’opposition (M. Eric Ciotti, M. Christian Estrosi) aient décidé de boycotter cette cérémonie et poussé la provocation jusqu’à son paroxysme en parlant de « jour d’indignité nationale ». A Suresnes, dans le 92, les drapeaux sont aujourd’hui en berne : quelle honte !
L’instrumentalisation purement politicienne de cette question, que j’ai pu moi-même constater lors des débats parlementaires: voilà ce qui est indigne en vérité !
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Devoir de mémoire
C’est un affront éhonté à la mémoire de nos soldats, pour laquelle nous sommes réunis ce jour.
Lors de son discours d’investiture le 20 novembre 1917, Georges Clémenceau eut cette célèbre
réplique : « Ces Français que nous fûmes contraints de jeter dans la bataille, ils ont des droits sur nous ».
Se faisant, il jetait les bases d’un principe essentiel qui guide notre devoir mémoriel républicain : ceux qui ont combattu, qui ont été blessés, qui sont morts pour avoir fait leur devoir en répondant à l’appel de la République ont effectivement des droits sur nous.
Et nous avons le devoir d’honorer leur mémoire.
La mémoire des 27 000 soldats français qui ont trouvé la mort dans les conflits sanglants entre 1954 et 1962. La mémoire des 13 Clamartois morts pour la France en Algérie.
Les anciens combattants doivent être écoutés :
Comme il s’y était engagé, le Président de la République préservé un budget autonome et un poste ministériel pour les anciens combattants, en la personne de M. Kader ARIF.
Le nouveau gouvernement a confirmé la revalorisation à 48 points de la retraite du combattant et les droits acquis dans le projet de loi de finance 2013.
Si l’ancien gouvernement était à l’origine de cette mesure, au demeurant très tardive, il ne l’avait « budgété ».
C’est désormais chose faite, et au regard du contexte budgétaire très serré, il s’agit là d’un effort significatif.
A Clamart, nous savons bien combien votre témoignage est essentiel pour les jeunes générations qui ont eu le bonheur de grandir dans un environnement pacifié.
Ce privilège, dont peu de générations de Françaises et de Français ont pu jouir dans l’Histoire, c’est
avant tout aux sacrifices des anciens combattants qu’ils le doivent.
Plus que personne d’autres, vous diffusez un message de paix et de tolérance, vous qui avez connu
la violence du Feu et l’arbitraire de la Guerre.
Les souffrances que vous avez consenties et votre action réconciliatrice méritent tous nos égards et
notre considération.
Ils sont la reconnaissance légitime de votre engagement continu au service du bien commun de la République Française.
Ce devoir de mémoire, notre Ville l’assume aux côtés de chacun d’entre vous et vous pouvez compter sur mon soutien indéfectible, comme je sais pouvoir compter sur vous.
Vive la Paix.
Vive la République.
Vive la France.
Philippe Kaltenbach
Sénateur-Maire de Clamart.