L’actuel Maire, M. Berger, a lancé la modification du P.L.U de Clamart dont la dernière révision date seulement de 2013.
Il est vrai qu’il faut tenir compte des évolutions législatives mais en l’occurrence, avec cette modification, le Maire veut surtout mettre en œuvre son projet urbain : une ville sur-densifiée et livrée aux promoteurs. Nous sommes bien loin des promesses de campagne …
Le projet de P.L.U voté par la majorité municipale donne lieu à une enquête publique qui court depuis le 2 mai dernier et se poursuivra jusqu’au 4 juin prochain.
Les clamartois peuvent donc exprimer leur avis quant à ce projet de modification. J’ajoute qu’il est impératif qu’ils le fassent pour éviter le pire et préserver le Clamart que nous aimons.
Pour ce faire, vous devez vous rendre au centre administratif de l’Hôtel de Ville de Clamart (Direction de l’Urbanisme et de l’Aménagement, 3ème étage, 1-5, avenue Jean Jaurès, 92140 Clamart) aux horaires suivants :
- Les lundis, mercredis et vendredis de 8h30 à 12h,
- Les mardis et jeudis de 13h30 à 18h,
- Le samedi 4 juin 2016 de 9h à 12h.
Un commissaire enquêteur titulaire, M. Claude Audry, et un commissaire enquêteur suppléant M. André Goutal ont été désignés par la Présidente du tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
Le dossier d’enquête publique est consultable pendant la durée de l’enquête publique au centre administratif de l’Hôtel de Ville de Clamart, aux heures précédemment mentionnées et sur le site de la Ville de Clamart en téléchargement :
http://www.clamart.fr/cadre-de-vie/urbanisme/la-revision-du-plan-local-durbanisme/
Pour recevoir les observations écrites ou orales, le commissaire enquêteur recevra le public au centre administratif de l’Hôtel de Ville de Clamart à l’adresse mentionnée ci-dessus, les :
- Mardi 31 mai 2016 de 15h à 18h,
- Samedi 4 juin de 9h à 12h.
Pour rappel, un P.L.U est un document complexe qui peut apparaître comme très technique mais dont les conséquences en matière d’urbanisme sont considérables.
Quelle analyse peut être faite au regard de ce nouveau P.L.U de Clamart ?
A. Une densification à l’extrême
Dans la continuité de sa politique urbaine désastreuse, M. Berger a modifié le P.L.U afin de réaliser des opérations de valorisation immobilières à Clamart et prévoit la construction de plus de 5000 logements en 10 ans, au risque de déséquilibrer la ville.
Certes le Maire affiche un objectif de 270 logements par an. Ce chiffre est déjà considérable si l’on considère qu’au cours des deux derniers mandats, la production annuelle a été moitié moindre.
Surtout, au vu de toutes les opérations qu’il envisage et des règles qu’il modifie, nous dépasserons les 500 logements par an en moyenne. Soit en 10 ans une augmentation d’environ 12000 habitants.
Modification de nombreuses zones et règles
Le nouveau P.L.U définit certaines zones comme particulièrement aptes au développement de constructions de logements en nombres comme les zones voisines de la RD 906 ainsi qu’à la gare. Mais d’autres quartiers seront impactés.
Il suffit d’additionner les différentes opérations prévues à court terme pour comprendre l’ampleur de la densification envisagée.
- Sur le site de la Gare : 400 logements prévus,
- Sur le site d’ERDF : 2 000 logements prévus,
- Dans le parc Novéos : 600 logements prévus,
- Près de l’hôpital Percy : 250 logements prévus,
- Au Campus Trivaux-Garenne : 250 logements prévus,
- Au jardin Parisien (Soleil-levant) : 250 logements prévus,
- Place du garde et piscine : 200 logements prévus,
- Pavé Blanc : 150 logements prévus.
A ces grandes opérations maitrisées par la ville, s’ajouteront toutes les opérations privées qui seront rendues plus faciles grâce à des modifications de règles comme sur la hauteur des constructions.
Ainsi, l’article 10 relatif à la hauteur des constructions prévoit notamment de ramener le recul des attiques à 0,80m au minimum au lieu des 1,5m précédemment prévus.
De même pour la Zone UE (pavillonnaire), le règlement précise une hauteur supplémentaire de 0,5m au faîtage que la hauteur autorisée en cas d’isolation de la toiture, ce qui sera bien évidemment le cas pour toutes les constructions à venir. Cela va aboutir à ajouter un étage en zone pavillonnaire. Dans les faits, on va passer de R+2 à R+3.
Enfin dans la zone UCa (terrains de part et d’autre du campus Trivaux) le faîtage pourra atteindre 21m au lieu des 18m jusque-là autorisés. Dans la zone UAb (les 3F) on passe même de 18 à 29m. Et comme si cela n’était pas suffisant des dépassements ponctuels pourront être autorisés.
Des zones pavillonnaires menacées
Les zones pavillonnaires sont également menacées par ce nouveau P.L.U. Si le Coefficient d’occupation des sols a été supprimé par la loi, le Maire n’a rien prévu (ou très peu) pour éviter que la zone pavillonnaire soit sur-densifiée avec des « pavillons » R+3 et des emprises au sol d’autant plus importantes que le terrain est grand. Le Maire ne propose qu’une limitation très faible qui n’aura que peu d’effets et il ouvre ainsi la voie à des opérations immobilières d’ampleur dans les zones pavillonnaires.
Au total, la démesure est manifeste. Une densification à l’excès menace la ville de Clamart. Cette densification aura de graves conséquences en matière d’accès aux équipements publics, de stationnement et de circulation. Elle détruira ce qui fait le charme de Clamart.
Que les choses soient claires, il ne s’agit pas de ne rien construire mais bien de construire de manière raisonnable et équilibré. Ce n’est malheureusement pas la voie choisie par ce P.L.U.
B. Absence d’ambition en matière économique
En affectant un maximum de terrains de Clamart à la promotion immobilière, M Berger fait peser un grand danger sur la ville en matière économique.
Remplacer des zones d’activités et d’emplois par des logements aura des conséquences désastreuses.
On peut citer ici le projet de mettre en place 2000 logements sur les terrains ERDF ou encore celui d’établir 600 logements sur le parc d’activité de Novéos.
Cela, en outre, va à contre-sens de la logique actuelle qui vise à favoriser le rapprochement des zones d’activités du domicile des employés afin de diminuer leur temps de trajet et d’améliorer leur empreinte carbone.
Lorsque j’étais Maire, je me suis mobilisé pour développer économiquement la ville : arrivée d’Optic 2000, des laboratoires Sorin, de Lafarge, de Kraft-Food… Je constate que, depuis deux ans, rien n’a été entrepris.
La politique du Maire en matière d’urbanisme conduira à la diminution de l’activité économique, du nombre d’entreprises implantées sur Clamart, du nombre d’emplois et par conséquent des recettes fiscales de la Ville. Les zones UF (zones dédiées à l’activité économiques) voient leurs surfaces diminuer de 40%. C’est très inquiétant.
La ville de Clamart a un ratio emploi/population active de 0,76, nous devrions tout mettre en œuvre pour l’amener à 1 et non pas transformer des terrains pour activité en terrain pour logement.
Cette évolution vers une ville-dortoir n’est pas acceptable et ne correspond pas aux ambitions économiques d’une ville comme Clamart.
C. Peu de prise en compte de la dimension environnementale
La loi impose d’intégrer un plan d’aménagement et de développement durable (PAPD) au P.L.U. Il semble que M. Berger n’ait pas accorder une importance considérable à cette dimension du P.L.U alors même qu’il s’agit là de défis essentiels auxquels les villes devront faire face dans les décennies à venir. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les objectifs vagues qui y sont évoqués.
Par ailleurs, les aménagements actuellement réalisés vont à l’encontre d’une démarche écologiquement responsable.
On peut notamment évoquer la suppression de pistes cyclables, la suppression des toits terrasses (qui permettent de végétaliser les toitures) remplacés par des toitures mansart, la réduction des circulations douces au profit de l’augmentation de la circulation automobile, la réduction de l’obligation de préserver des espaces naturels en pleine terre (libre de toute construction) dans les projets de construction passant de 50% à 30%, voire sans obligation dans certains secteurs.
Au regard du défi environnemental qui caractérise notre époque, il aurait été plus judicieux de rétablir les obligations prescrites en la matière par le plan d’urbanisme précédent et, pour contribuer aux engament de la COP21, d’inscrire des objectifs contraignants tel que la préservation de la biodiversité (jardins privés, publics, forêt…).
La position adoptée par M. Berger n’est en réalité pas surprenante et s’inscrit dans la droite ligne de son projet pour le stade Hunebelle qui vise à transformer un espace ouvert et plébiscité par les clamartois en un complexe comprenant notamment un bowling, des restaurants, des boutiques… et il modifie les règles du P.L.U pour ce faire (nouvelle zone ULh).
D. Limitation du logement social
Aujourd’hui, Clamart respecte les prescriptions légales avec ses 26 % de logements sociaux (la loi en impose 25%). Toutefois, force est de constater qu’avec la destruction programmée de 700 logements sociaux dans la cité I3F et la modification des règles du P.L.U qu’effectue M. Berger, il est clair que le seuil des 25 % ne sera plus respecté.
En effet, la règle des 30% de logements sociaux ne s’appliquera plus que pour les opérations de plus de 4000m2 de plancher contre 1000m2 aujourd’hui.
Encore une fois, on voit bien le peu d’intérêt du Maire pour les logements sociaux. Ce dernier semble, effectivement, bien plus concerné par des constructions faisant la part belle à la promotion privée de standing plutôt qu’à la mixité sociale.
E. Absence de prise en compte des besoins des citoyens
Ce nouveau P.L.U semble faire fi des réels besoins des habitants de Clamart. En effet, la ville ne prévoit que peu d’emplacements réservés à la construction d’équipements publics. Le projet de P.L.U en supprime même deux : rue des Garrements pour un groupe scolaire et sentier des Montroux pour un collège. C’est pour le moins étonnant contenu de la densification extrême envisagée.
Conclusion
Aussi, face aux conséquences catastrophiques que le nouveau P.L.U pourrait avoir sur la ville, j’appelle ses habitants à participer à l’enquête publique afin de manifester leur désapprobation et donner leurs avis pour faire de Clamart une ville adaptée à leurs besoins et non a ceux des promoteurs immobiliers.